Le jury du prix interrégional LCL-UJSF Auvergne – Bourgogne - Rhône-Alpes du meilleur article de sport et de la meilleure photo de sport s'est réuni, mardi 21 novembre, à Clermont-Ferrand.
Vingt-neuf articles étaient en lice, ainsi que seize photos. Le prix du meilleur article revient à Stéphanie Merzet (Sports Auvergne) pour son sujet sur "José ange gardien du stade Michelin" (à lire en bas de page). Un texte rédigé en début d'année et dont le personnage central vient malheureusement de décéder il y a une quinzaine de jours seulement. Triste coïncidence. Didier Cros (La Montagne) termine deuxième avec "Quand l'arbitrage ouvre les horizons", un texte sur la réinsertion de certains détenus via le football et l'arbitrage. Enfin, la troisième place revient à Michaël Rigollet (Le Journal de Saône-et-Loire) pour son portrait de Jean-Denys Choulet, l'irrésistible "grande gueule" au grand cœur.
Le prix de la meilleure photo est attribué à Richard Brunel (La Montagne) pour l'essai de Raka face à Toulon.
La deuxième place revient à Maxime Jegat (Le Progrès) pour son cliché sur le raid VTT Saint-Etienne - Lyon.
A la troisième place, on retrouve Richard Brunel (La Montagne) pour sa photo de Sandi Morris au All Star Perche de Clermont-Ferrand.
Ces photos sont "qualifiées" pour la finale nationale qui aura lieu avant la fin de l'année à Paris.
Merci à tous pour votre participation.
Le jury s'est réuni ce mardi 21 novembre à Clermont-Ferrand dans les entrailles du stade Marcel-Michelin.
Pour mémoire (photo ci-dessous), le jury était composé de :
- Laurence Castet, conseillère sport DRJSCS (championne de France de kayak de descente ; vice-championne du monde individuelle 1995 et 1996 ; championne du monde par équipe (1989, 1991, 1993, 1995, 1996, 2000).
- Isabelle Fijalkowski, cadre technique sportif Auvergne FFBB (ex-internationale de basket 204 sélections, championne de France et vainqueur de l'Euroligue avec Bourges, championne d'Italie, championne d'Europe avec la France).
- Caroline Thomas, internationale française de rugby à 15 (demi-finaliste de la Coupe du monde 2017 en Irlande).
- Et complété par Yan Duhamel, service sponsoring de LCL , Philippe Brandely, directeur régional (LCL Auvergne), Manuel Caillaud, lauréat du meilleur article 2016, Philippe Bruchot, lauréat de la meilleure photo 2016, Emmanuel Marquez (UJSF Rhône-Alpes), Christian Moccozet (UJSF Bourgogne), Jean-François Nunez, (UJSF Auvergne).
Yan Duhamel (à gauche) a profité de l'occasion pour remettre leurs lots à Manuel Caillaud et Philippe Bruchot, les finalistes 2016, en compagnie de M. Brandely (à droite).
Voici le texte "gagnant" et sélectionné pour la finale nationale, de Stéphanie Merzet pour son sujet sur "José ange gardien du stade Michelin". Bonne lecture !
Sports Auvergne n° 66 Décembre 2016/Janvier 2017
JOSÉ ANGE GARDIEN
LES CLÉS DU MICHELIN
Il est le gardien du temple du rugby auvergnat depuis 1987. En trente ans, José a vu les murs du stade considérablement évoluer, tout comme le rugby. Quant à lui, il est toujours resté le même. D’un tour de clé, il nous confie ses souvenirs.
Vous avez peut-être traversé la pelouse du stade Marcel Michelin en courant après un match, un grand sourire accroché aux lèvres. Eh bien sachez que pendant ce temps, il est fort probable qu’une autre personne devait s’arracher les cheveux, alors que dans l’insouciance la plus totale, vous piétiniez sur son terrain de jeu et son précieux gazon. Cet homme, c’est José Bernardes. Il est arrivé en France avec sa famille en 1965. Il a ainsi quitté le Portugal, la patrie du foot, pour venir en Auvergne, terre de rugby… Mais à l’époque, l’ovalie était pour lui une science assez obscure. Il a seulement commencé à s’intéresser à ce sport quand Michelin lui a proposé de s’occuper du stade éponyme : « C’était en 1987. Je travaillais à cette période comme ouvrier à la Combaude. Ils voulaient que j’entretienne la pelouse, alors que je n’étais pas vraiment un expert des espaces verts ! J’avais tout juste chez moi un potager », explique-t-il en riant. Mais José s’adapte très bien à ses nouvelles missions et se voit même doté d’une petite maison au pied du stade dans laquelle il installe femme et enfants. « On m’avait donné en fait comme poste celui de concierge. Je devais ouvrir le stade le matin, le fermer le soir, nettoyer les tribunes, tracer les lignes sur les terrains… Il fallait que je sois tout le temps présent. » Du lundi au dimanche, 24 heures sur 24 et toute une vie dédiée à l’un des plus célèbres stades de l’Hexagone.
Le temps de l’éponge magique
Si le stade n’a eu de cesse de se transformer depuis son arrivée, ce qui se passe sur le terrain les jours de match aujourd’hui n’a plus rien à voir également par rapport à autrefois. Ces jours d’antan, José devait courir autant qu’un joueur sur le terrain et porter différentes casquettes : ramasseur de balle, assistant médical, responsable du ravitaillement… « Au cours de la semaine qui précédait la rencontre du week-end, j’allais acheter des citrons et des oranges. Je les mettais dans une panière et je les servais moi-même aux joueurs à la mi-temps qui, à l’époque, restaient sur le terrain. De nos jours, ils ont des boissons et des barres alimentaires bien plus spécifiques ! », se souvient-il avec un brin de nostalgie. Avant 1999 et que la tribune Auvergne ne soit construite, le stade possédait une tribune beaucoup plus petite et beaucoup moins haute. Il s’agissait de “la Populaire” : « Il n’était pas rare que je doive prendre mon échelle pour accéder à son toit afin de récupérer le ballon pendant les matches. Je courrais aussi dans les jardins des maisons avoisinantes pour aller le chercher. Nous disposions que de quatre ou cinq ballons, il n’y avait donc pas le choix ! » se souvient-il avant de poursuivre : « Je m’occupais aussi du sceau et de la fameuse “éponge magique”. Les blessés du début de la rencontre avaient la chance de bénéficier d’une eau fraîche et propre, tandis que les autres profitaient de la sueur et du sang de leurs partenaires… Aujourd’hui, avec les mesures d’hygiène et de santé, ça n’existe plus ! »
D’autres locataires au Michelin
Lors de ces week-ends avant les années 2000, le Michelin se partageait avec le foot. D’abord avec le Clermont Football Club, qui, dans les années 80, attirait les foules avec l’entraîneur joueur Andrzej Szarmach et la présence du légendaire Serge Chiesa. Ce fut ensuite à l’ASM Football d’investir les lieux. « Mais l’ambiance du rugby me plaisait beaucoup plus », avoue sans détour José. Il se souvient également de l’époque où d’autres locataires un peu incongrus venaient s’entraîner sur la pelouse du grand complexe clermontois : un club de pêche à la mouche. « Ils venaient une fois par semaine, préparaient leur matériel dans une salle, puis lançaient leur fil de pêche le plus loin possible sur le terrain… ». Et puis, il y a eu aussi quelques squatteurs d’une nuit… « Quand il n’y avait pas d’arrosage automatique, je me levais à deux heures du matin pour déplacer le canon à eau. Une fois, j’ai vu des jeunes partager un verre au milieu du terrain. Mais, ce n’est arrivé qu’une fois ! ». Et pour ceux qui seraient éventuellement tentés d’organiser un pique-nique romantique au clair de lune au coeur du stade, sachez qu’aujourd’hui, il n’est plus possible d’y pénétrer ainsi (on vous aura prévenu !).
Jour de neige
Le gardien du stade a toujours scruté la météo avec attention, surtout en période hivernale. Ce livre ouvert de l’histoire du Michelin nous raconte “ses défis” face au manteau neigeux et au froid : « Il y a deux rencontres qui m’ont marqué, l’une face à Bayonne en 2005. On avait commencé à déneiger le matin et les gars de l’Aviron Bayonnais étaient persuadés qu’il serait impossible de jouer. Pourtant, en début d’après-midi, tout était dégagé, nous avions réussi. L’autre face au Racing en 2012. L’hiver avait été plutôt rigoureux. Ici, nous avions pu assurer la rencontre face au club parisien alors que le soir même, le match de l’équipe de France face à l’Irlande dans le cadre du tournoi des VI nations avait été annulé pour cause de terrain gelé. De notre côté, nous avions chauffé et bâché le terrain durant toute la nuit qui précédait le match. Les gens de la fédé voulaient même venir à Clermont pour voir comment on s’y était pris. » Qu’il pleut, qu’il vente ou qu’il neige, José s’est mis un point d’honneur à ce que les matches aient toujours lieu.
Les années glorieuses
Parmi ses souvenirs les plus émouvants, José ne peut s’empêcher de se remémorer l’année 1994. Cela faisait seize années que le club n’avait pas atteint la marche ultime de la finale. À cette occasion, des écrans géants avaient été installés dans la forteresse de Montferrand. « Une nombreuse foule avait envahi le stade pour regarder la rencontre. Mais je me souviens surtout du lendemain. Saint-André et sa bande sont arrivés avec le bus au Michelin et ils se sont mis à pleurer en voyant tous ces supporters qui les accueillaient dans une grande ferveur. C’était très émouvant. » Évidemment, il est impossible de ne pas évoquer le 29 mai 2010. Un bout de la pelouse du Stade de France avait même été prélevé ce jour-là, que le sémillant gardien s’était empressé de greffer sur le terrain des “jaune et bleu”. Des histoires, le jardinier peut vous en raconter à la pelle ! Mais ce qui restera planté dans la mémoire de José, c’est aussi ses nombreuses rencontres avec le staff et les joueurs. « Depuis qu’ils sont devenus professionnels, les joueurs passent leur journée au stade. Tous les matins, je leur dis bonjour. J’ai toujours eu beaucoup d’affinités avec ceux de Bourgoin ! Julien Pierre, Julien Bonnaire, Morgan Parra… Ce sont des gars qui aiment la nature. Mais, je m’entends très bien avec l’ensemble de toute l’équipe », insiste-t-il.
Aujourd’hui, la pelouse du Michelin bénéficie des meilleures technologies au monde, mélangeant gazon naturel et synthétique. Plus de mottes arrachées et d’herbe grasse en hiver. José peut enfin respirer ! Sa pelouse est sûrement l’une des plus belles de France. Alors, ne vous avisez pas de la piétiner après un match, le gardien du temple a l’oeil.